Au deuxième jour de la conférence de l’AFRAVIH, conférence francophone internationale sur le sida à Genève, UNITAID appelle la communauté internationale à prendre trois mesures urgentes pour surmonter les obstacles entravant les progrès de la lutte contre le sida : réduire l’effet des accords de libre-échange, puiser dans de nouvelles sources de financement, comme une taxe sur les transactions financières, et promouvoir des traitements optimisés et abordables en agissant au niveau des marchés.
« Nous avons beaucoup progressé dans l’accès aux traitements, a déclaré Fogue Foguito, militant de la lutte anti-VIH au Cameroun. Que la communauté internationale agisse comme une vraie communauté pour une fois, par des actions concertées de la part du secteur public et du secteur privé, avec conviction politique et en prenant des mesures qui marchent. »
En dehors du plaidoyer pour renforcer l’aide traditionnelle sous-tendant les efforts actuels contre le sida et pleinement financer le Fonds mondial, il y a des mesures novatrices qui peuvent avoir un impact immense.
1. Lutter contre les accords de libre-échange, comme celui en cours de négociation entre l’Inde et l’Union européenne, comportant des clauses qui renforcent la protection des brevets au-delà des accords sur les ADPIC. L’Inde a fourni aux pays en développement environ 80 % des médicaments contre le sida au cours des dix dernières années et il faut qu’elle continue pour pouvoir assurer l’extension des traitements abordables et de qualité. De même, d’autres pays doivent utiliser à plein les flexibilités prévues au titre des ADPIC pour fournir à leurs populations des médicaments efficaces.
2. Accroître les ressources de la lutte contre le VIH grâce à des sources novatrices de financement. UNITAID a mobilisé 1,3 milliard de dollars US, deux tiers de ses revenus en cinq ans, par une taxe sur les billets d’avions appliquée dans quelques pays. UNITAID demande aux autres gouvernements de suivre cet exemple et d’envisager aussi d’instituer une taxe sur les transactions financières.
3. Optimiser et simplifier les traitements. Il faut inciter les fabricants à mettre au point les meilleures formulations possible pour les médicaments antirétroviraux, puis à les produire à l’échelle voulue et à des prix abordables. Cette incitation doit s’accompagner d’un engagement financier. Un financement garanti, sur le long terme, donne aux acheteurs le pouvoir de négocier sur les prix, mais aussi sur la qualité et la formulation des produits. Par cette approche, UNITAID a créé le marché pour les médicaments pédiatriques contre le sida et a réussi à introduire les traitements de seconde intention, plus élaborés, dans les pays en développement.
Tous les progrès scientifiques accomplis et toutes les grandes idées débattues à la conférence de l’AFRAVIH nécessiteront d’être financés en totalité pour avoir un impact tangible au niveau des personnes vivant avec le VIH. C’est le pivot nécessaire pour que les bonnes intentions s’inscrivent dans la réalité.